Historique

Historique de Saint-Augustin-de-Desmaures

« Saint-Augustin-de-Desmaures » : il n’y a rien de particulier à ce qu’une municipalité québécoise porte le nom d’un saint patron. Mais pourquoi « Augustin » et pourquoi « de Desmaures » ?  Deux hypothèses pour « Augustin »: l’une serait en l’honneur du gouverneur Augustin de Saffray de Mézy (1663-1665) et l’autre en référence à Paul Augustin Juchereau, sieur de Maur, propriétaire de la seigneurie (1685-1714) à l’époque de l’érection en paroisse vers 1691-94. « De Desmaures » vient de la famille des Juchereau, sieurs de Maur qui ont été propriétaires de la seigneurie de 1647 jusqu’en 1734.

Émaillée de nombreux plans et cours d’eau, la seigneurie concédée en 1647 à Jean Juchereau, sieur de Maur, par le gouverneur de Montmagny comprend « deux lieues et demie de front sur une lieue et demie de profondeur le long du Saint-Laurent au-delà de la rivière du Cap-Rouge »; bref, il s’agit d’un vaste territoire de 90 km2. La seigneurie de Maur est l’une des 250 seigneuries attribuées de part et d’autre du fleuve sous le Régime français.

Pragmatiques, les premiers habitants s’installent principalement à partir de 1663  près de la principale voie de communication : le Saint-Laurent. Dix-sept Filles du Roy viennent s’y établir avec leurs maris. Même si l’année 1691 a été retenue par l’histoire comme étant celle de l’érection canonique de la paroisse, il n’existe aucun document pour le prouver. On estime qu’au moment de la construction d’une première chapelle en 1694, il y avait un noyau de 200 âmes. C’est le curé Pierre Auclair-Desnoyers (1713-1748) qui est le principal bâtisseur ; il fait construire au bord du fleuve une première église en pierre (1719-1723), autour de laquelle le premier village prend forme, animé par des artisans et des familles vivant essentiellement de l’agriculture.

Événement clé dans l’histoire de la municipalité : à la suite du décès tragique du quatrième seigneur, François Aubert de la Chesnaye, et de l’incapacité de sa veuve de rencontrer les obligations financières, la seigneurie est mise aux enchères. Les Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec en deviennent propriétaires en 1734 au nom des « Pauvres ». Elles la conserveront jusqu’en 1868. Elles se réservent une terre qui devient le domaine des Pauvres, toujours visible dans le rang des Mines. Les revenus leur permettront de remplir leur mission auprès des pauvres de leur hôpital, à Québec.

Assumant avec rigueur leur responsabilité de « seigneur », les Augustines favorisent le développement de la seigneurie. Le meilleur exemple : leur volonté de faire fonctionner le moulin banal, outil indispensable à la vie quotidienne, construit là où la décharge du lac Saint-Augustin se jette dans le fleuve. Elles remettent le moulin à farine en marche en 1737, puis le rebâtissent après l’incendie de 1741. Elles font ensuite construire un canal de dérivation sur près de deux kilomètres, de la rivière du Cap-Rouge au lac Saint- Augustin, afin de réguler l’alimentation en eau du moulin à deux roues. Les Anglais brûlent l’édifice en 1760, mais qu’à cela ne tienne, un nouveau moulin en pierre de trois étages fonctionne déjà en 1762. Il demeure jusqu’en 1884, alors qu’il est à nouveau détruit par un incendie. Malheureusement, à la suite d’un glissement de terrain survenu en 1939, il n’en reste aucun vestige, seulement le souvenir de son emplacement à la décharge du lac Saint-Augustin, au bout du chemin y conduisant. Le décor invite à la rêverie et, avec un peu d’imagination, on peut entendre les pierres moudre le grain.

Nouvelle église, nouveau village

Avec la construction de routes donnant accès aux concessions plus éloignées du 1er Rang, la population de Saint-Augustin augmente rapidement, passant de 309 habitants en 1706 à 801 habitants en 1739, pour atteindre un pic surprenant de 1998 habitants en 1790.

S’étalant sur un vaste territoire, cette croissance engendre de nouvelles difficultés chez une population qui vit au rythme des saisons, du calendrier liturgique et des préceptes de l’Église catholique. L’église de l’Anse-à-Maheu, trop petite et en mauvais état (elle a été bombardée par les Anglais en 1759), se trouve bien loin des habitants des concessions plus au nord. Aussi ceux-ci décident-ils de bâtir une chapelle en 1804, avec l’idée de former une nouvelle paroisse. Mgr Plessis ordonne la construction d’une nouvelle église, mais sur une terre, propriété du curé, entre le 1er  et le 2e  Rang. Érigée dès 1809, elle est ouverte au culte en 1816. Les conséquences de cette décision forgeront les traits actuels de Saint-Augustin. En quelques décennies, le centre du village se déplace et s’établit autour de la nouvelle église, où se concentrent marchands et artisans. Autour du noyau paroissial, les habitants poursuivent la culture des terres et l’exploitation des forêts. Du premier village près du fleuve, il ne subsiste aujourd’hui que des vestiges et des plaques commémoratives. La nature y a cependant planté son décor pour toujours.

L’urbanisation gagne du terrain

Saint-Augustin-de-Desmaures est une municipalité essentiellement agricole jusqu’aux années 1960, moment où elle vit sa « révolution tranquille » : fermeture des écoles de rang, ouverture du Séminaire Saint-Augustin et de l’école Notre-Dame-de-Foy, adhésion à la Communauté urbaine de Québec en 1969, ouverture d’un parc industriel et premiers développements résidentiels au début des années 1970.

La création d’un parc industriel en 1971 et la construction de l’autoroute 40 en 1976, qui traverse le territoire d’est en ouest, modifient profondément l’aspect de la municipalité en mettant fin à l’activité de nombreuses petites exploitations agricoles.

Les années 1980 et 1990 voient un deuxième pôle résidentiel d’importance se développer au sud du lac Saint-Augustin. C’est ainsi que la population passe de 3000 à 18 000 habitants entre 1971 et 2009. Cet apport massif de population amène la mise en place et l’ajustement de nombreux services, allant de la bibliothèque à la sécurité, en passant par le transport en commun.

En un peu plus de 20 ans, le développement accéléré de Saint-Augustin-de-Desmaures lui a conféré un nouveau visage. La municipalité a dû trouver l’équilibre entre des pôles résidentiels offrant une qualité de vie satisfaisante, un secteur institutionnel comptant des maisons d’enseignement, une vocation récréative (grands espaces et proximité du fleuve obligent) ainsi qu’un secteur commercial et industriel, dont le parc regroupe 125 entreprises de fabrication, de services, de distribution et de recyclage. En 2002, la municipalité de Saint-Augustin-de- Desmaures est intégrée à un arrondissement de la ville de Québec dans la foulée des fusions municipales. Cependant, après un référendum tenu en 2004 sur le choix, entre le maintien de la fusion ou la défusion, les citoyens choisissent la reconstitution de la Ville de Saint-Augustin-de-Desmaures, le 1er  janvier 2006.

Le patrimoine toujours vivant

Malgré cette urbanisation, un patrimoine diversifié et bien vivant attend le visiteur. Comme une partie importante du territoire est zonée agricole, de belles fermes prospères jalonnent le territoire. Quelques-unes sont exploitées par la même famille depuis des générations, telle la ferme Racette, située depuis 1678 sur le chemin du Roy. Sur la route 138 et dans les rangs, on trouve également de jolis témoins des différents types d’architecture qui ont marqué les époques, du Régime français à aujourd’hui.

Le centre de ce qui est devenu le deuxième village a subi de profondes transformations à partir des années 1960. Cependant, l’îlot paroissial a non seulement été préservé, mais restauré et mis en valeur. Il est composé d’une imposante église (celle construite de 1809 à 1816), d’un presbytère (1887) et d’un cimetière enceint d’une magnifique clôture grillagée surmontée de deux hiboux, gardiens de la nuit, et d’un Ange à la trompette annonçant la Résurrection. Composé de cinq personnages en fonte, le calvaire du cimetière, datant de 1881 et restauré en 2009, mérite à lui seul le détour. Enfin, un monument érigé en 1869, maintenant consacré au Sacré-Cœur et restauré en 2012, trône face à l’église dans un aménagement paysager qui invite au recueillement, sinon à la tranquillité.

Le patrimoine religieux est présent sur tout le territoire. Le promeneur avisé retracera sur le chemin du Roy les plaques commémorant le site de la première chapelle et de la première église, puis, dans le rang des Mines, le calvaire et l’emplacement de la chapelle construite en 1804 sur le domaine des Pauvres. Sans oublier les quatre croix de chemin qui jalonnent toujours le territoire. Saint-Augustin-de-Desmaures, c’est une histoire et un patrimoine à découvrir et à apprécier.

Sites préhistoriques

Depuis plus de trente ans, des fouilles archéologiques sont réalisées à Saint-Augustin-de-Desmaures. Si les nombreux artéfacts retrouvés sont venus confirmer la présence du premier village sur le chemin du Roy et de son église en pierre (1719-1816), son presbytère, ses artisans, dont les potiers Étienne Robitaille et Pierre Côté, des fouilles ont permis de remonter dans le temps, de quelques milliers d’années.

Sur un site à proximité du lac Saint-Augustin, les archéologues ont recueilli plus de 59 000 artéfacts dont 751 outils témoignant de « l’utilisation intensive de cet emplacement comme atelier de la pierre par des groupes autochtones » et ce vers 1000 ans avant notre ère et même 3 000 ans pour les vestiges les plus anciens. Et plus récemment, en 2002, la découverte d’un autre site d’archéologique préhistorique, cette fois-ci à l’ouest du territoire, a confirmé à nouveau une présence humaine active. À chaque fois, nous devons réécrire un passage de notre histoire : « Il était une fois… ».

Publié dans la revue Continuité, no.124, printemps 2010


En 2016, à l’occasion du 325e anniversaire de Saint-Augustin-de-Desmaures et du 200e anniversaire de l’ouverture au culte de l’église actuelle, un court film d’animation a été produit pour retracer l’histoire de la ville. Nous vous invitons à le visionner.

La petite histoire de Saint-Augustin-de-Desmaures

Nous vous invitons également à visionner des images de la route 138 en 1984, images filmées par Laurent Gilbert et Élisabeth Ramsay, ainsi qu’un montage sur la route nationale à Saint-Augustin.

La route 138 en 1984

La route nationale à Saint-Augustin